Dans le terme « écopoétique », il y a oikos, un « lieu » et poiêsis qui signifie « création », du verbe poiein (« faire », « créer »).

Les textes écopoétiques visent à produire une efficience magique « pour guérir non pas le monde, mais la version du monde dans lequel on habite ou notre façon d’y habiter. »*

Geneviève de Bueger expérimente, va à la rencontre et observe les surgissements et les présences végétales, animales, minérales et humaines sur un lieu particulier. Dans la construction de la réalité, elle recourt tout autant à son imagination qu’aux anciens récits du lieu et aux savoirs. Elle tisse son expérience intime à celle des autres vivants et recourt à l’empathie imaginative pour décrire les non-humains. L’anthropologue Gregory Bateson et le philosophe Arne Naess l’inspirent par leur utilisation concrète de ce double mouvement d’empathie et de reconnaissance dans leur compréhension du vivant et leur rapport au monde.

Dans ses textes de lectures-performances, elle encourage la participation affective du public et un autre rapport au lieu.

Souvent, ses textes écopoétiques adoptent un style objectif. Elle essaie à la façon de Francis Ponge de disparaître au profit des choses décrites. La figure de l’analogie lui permet de chercher à établir de façon neutre les liens que tissent les éléments entre eux.

La pensée de Jean-Christophe Cavallin (Valet noir. Vers une écologie du récit, Paris, Editions Corti, 2021), co-fondateur du master Ecopoétique et création d’Aix-Marseille Université avec Christine Marcandier et les enseignements du master offrent une source d’inspiration foisonnante et de profondes références littéraires, philosophiques et anthropologiques à la création écopoétique. Parmi elles, Gregory Bateson, Arne Naess, Val Plumwood, Henry d. Thoreau, George Sand, Virginia Woolf, Bruno Latour, Charles Stépanoff l’ont particulièrement aidée dans son cheminement.

A Prague, elle pénètre l’univers de Kafka et du devenir-animal de Deleuze et Guattari. Les écrivaines Vinciane Despret, Caroline Lamarche, Jane Sautière, Violaine Bérot et les poètes Pierre Vinclair et Antoine Boute sont des auteurs qu’elle a rencontrés et qui la marquent par leur immense expérience d’une écriture couplée à la vie.

*Jean-Christophe Cavallin, Vers une écologie littéraire », dans Fabula-LhT, n° 27, « Ecopoétique pour des temps extrêmes », dir. Jean-Christophe Cavallin et Alain Romestaing, décembre 2021, URL : http://www.fabula.org/lht/27/cavallin.html

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